H24

« Le premier mot, c’est le plus difficile » : ce n’est pas facile de commencer une confession, pas facile non plus de démarrer un seul en scène. Le spectacle débute, dans une semi-pénombre. Le public est suspendu au chuchotement de Madame C. Ainsi commence l’adaptation que nous propose Anne Martinet de la célèbre nouvelle (qu’en France on appellerait court roman) de Stefan Zweig, vingt-quatre heures de la vie d’une femme, adaptation qui fait l’économie du récit enchâssé pour nous conduire directement au cœur de l’histoire de Madame C.
Stefan Zweig, c’est cet écrivain cultivé et fin, ami des artistes, des poètes, des peintres mais c’est aussi un homme très investi dans son époque, pacifiste et pétri d’humanisme. Ravagé moralement par le déclenchement de la Première Guerre mondiale, effaré par l’arrivée d’Hitler au pouvoir, terrifié par la seconde déflagration mondiale, il plonge dans une dépression qui ne le quittera plus et le conduira à mettre fin à ses jours en compagnie de sa femme.
Mais Stefan Zweig c’est aussi l’écrivain de l’âme humaine. Toujours en empathie avec ses personnages, il excelle à en décrire les transports, les tourments, les passions, les souffrances, jusqu’à la folie parfois. Souvenons-nous qu’à cette époque Vienne voit naître la psychanalyse et que Zweig et Freud entretiennent une correspondance nourrie.
La compagnie Le Phénix, créée par Anne Martinet, comédienne formée à l’école supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Strasbourg, a pour objectif de présenter des textes à l’écriture forte accompagnés par des metteurs en scène exigeants et de jouer les spectacles sur le long terme.