JUSTE LA FIN DU MONDE

De Jean-Luc Lagarce, mise en scène Jean-Charles Mouveaux 

 

 

Une si longue absence

Dans sa langue si particulière, sa musicalité qui envoûte, Jean Luc Lagarce nous invite aux retrouvailles de Louis avec sa famille. Un récit sur la difficulté de communiquer, une palette de personnages blessés, humains, follement attachants.

Au centre, Louis, le fils, un jeune homme d’une trentaine d’année est de retour chez lui, dans sa famille après de longues années d’absence. Il revient pour « annoncer, dire, seulement dire » sa mort prochaine. Mais il repartira sans s’être livré, juste le temps de faire exploser le non-dit familial. Si Louis ne dit rien, son retour libère la parole des siens, la mère, le frère, la sœur. La colère, le ressentiment éclatent. Des lambeaux d’enfance surgissent, laissant les personnages anéantis, blessés.

Louis est à la fois le fils et le narrateur, proche et lointain, il porte cette tentative de réconciliation qui nous bouscule, nous bouleverse, qui nous renvoie à nos propres fêlures, nos attentes secrètes. La langue de Lagarce est répétitive, lancinante, fascinante. Il faut se laisser porter sur la crête de cette partition magnifiquement interprétée par des acteurs en état de grâce.