LA NUIT JUSTE AVANT LES FORETS – création

De Bernard-Marie Koltès – mise en scène Cécile Rist

La nuit juste avant les forêts

Une rhapsodie vertigineuse

Quel titre ! Mystérieux et sombre, promesse de poésie, de peur et de secrets. Un titre qui évoque l’ombre et les arbres, or nous voici plongés sous les lumières blafardes de la nuit urbaine. Koltès écrit en 1977 ce texte brûlant – aujourd’hui politiquement explosif à l’heure où l’Autre est un étranger.

 Il pourrait s’agir des mille et une nuits, où conte après conte, un homme, éperdu, ivre, tente de s’agripper au premier entre-aperçu dans la nuit.  Dans ce texte s’entrechoquent, comme on brode sur le motif, la parole brute et la haute poésie. Un flot de paroles, tel une rhapsodie vertigineuse disait Patrice Chéreau.

« Ce que l’on voit d’abord, explique Cécile Rist qui le met en scène, c’est un de ces inconnus envahissants qui nous encombrent.  « L’Autre » quoi ! Celui qui n’est pas moi, à qui je ne veux en aucun cas ressembler, celui dont je veux me débarrasser pour retrouver mon confort, ma tranquillité, mon existence paisible… Cet autre, cet étranger qui aujourd’hui se multiplie sur les trottoirs de nos villes, vivant parmi les rats qui prolifèrent aussi, sans abri sous la neige, sans abri sous la pluie, arpentant les rames de métro. Ces autres que nous laissons (sur)vivre ou périr à nos côtés, évitant leurs regards, retenant nos mains que nous ne savons pas comment tendre, pris que nous sommes dans nos propres systèmes, dans nos propres engrenages, révélateurs de notre civilisation malade d’hypocrisie. »